Parijse verhalen & Histoires leydoises – Gelukkig Nieuwjaar!

A la mémoire d’Erik P. Löffler

Le 1e janvier, à minuit, les néerlandais tirent eux-mêmes des feux d’artifices pour célébrer la nouvelle année. On pourrait aussi bien penser que la tradition est de chasser l’année passée sous les explosions ; le pays est pris d’assaut par les pétarades à tous les coins de rue. C’est très festif – et très dangereux aussi, mais restons sur le festif pour cette fois.

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Illustration: Sarah Moine

La tête pleine de résolutions plus sérieuses les unes que les autres,  j’ai décidé de mettre ces bonnes intentions à l’épreuve, et c’est ainsi que les premiers jours de 2017 m’ont conduite à La Haye. Je me suis d’abord rendue au RKD, l’institut néerlandais de l’histoire de l’art, un lieu incontournable pour mon travail. Il renferme l’une des plus importantes collections d’images, de littérature et d’archives sur l’histoire de l’art. Son équivalent français, pour la recherche, pourrait être l’INHA (Institut National de l’Histoire de l’Art, Paris). Les deux institutions restent très différentes… A commencer, évidemment, par leur décor. Par rapport à la monumentale et magnifique salle Labrouste de la bibliothèque de l’INHA, la salle de lecture du RKD est plutôt… à taille humaine. Et beaucoup moins (pas du tout) XIXe siècle. Le premier jour où j’y ai mis les pieds, j’étais un peu affolée devant l’étendue des étagères compilant des boites numérotées à perte de vue, et très anxieuse de faire mes preuves dans le travail qui m’était assigné pour mon master de recherche. Un membre de l’équipe s’est approché, sans doute interpelé par mon air paniqué, et a offert son aide. Après m’être présentée, il s’est exclamé avec enthousiasme : « Ah, alors on se parle en français ? ». Et c’est donc dans un français parfait que nous avons décortiqué ensemble le fonctionnement de l’institut et les recherches que je pouvais y faire. Ce n’est qu’à la fin de notre conversation, que j’ai compris qu’Erik était conservateur ici au RKD, mais qu’il lui tenait à cœur de prendre de son temps pour venir en aide aux visiteurs perdus –comme aux autres, d’ailleurs. Être accueillie si chaleureusement, surtout quand le décor nous est complètement étranger, c’est irremplaçable. Cela m’arrivera plus d’une fois au cours de la découverte de mon nouvel environnement néerlandais, mais ce premier jour au RKD reste véritablement un souvenir vif du sentiment d’assurance et de sérénité qu’une seule rencontre bienveillante peut apporter.

Après ma visite au RKD, je suis passée saluer Vermeer et ses contemporains au musée du Mauritshuis, qui expose les peintres de genre du Siècle d’Or. Tout parait si évident et équilibré dans ce ballet millimétré de pantoufles « négligemment » jetées au sol, de luths « oubliés » sur le tapis, de vaisselle« abandonnée» sur les tables. Devant eux, le souvenir d’un professeur nous parlant du Portrait des époux Arnolfini (Jan van Eyck, National Gallery, Londres) lors d’un cours magistral sur l’art médiéval me revient en mémoire. « Vous croyez que, le jour où un peintre vous rend visite pour vous portraiturer, vous laissez trainer vos sabots ? » nous disait-il. Il faisait effectivement référence aux semelles de bois qui gisent sur le sol, en bas à gauche du tableau, et nous incitait à ne pas être dupe : chaque détail est calculé et a son importance. Le souci du détail initié par l’Ars nova, notamment avec van Eyck, irrigue et inspire les œuvres des artistes de genre hollandais que j’ai sous les yeux. Ils placent la vie quotidienne au centre de leur art et utilisent chaque détail pour créer l’espace, l’histoire, et la symbolique du tableau. Le spectateur peut alors passer des heures à explorer une œuvre délicatement désorganisée.

Alors, que peut-on se souhaiter, pour 2017 ? De belles rencontres, et partout où vous irez, de profiter de chaque petit détail.

Groetjes & tot later,
Sarah