Compte rendu lauréat bourses Éole
Tristan Kuipers, Université Toulouse Jean-Jaurès & Université d’Ottawa
Voyage de recherche à La Haye du 02. au 16.08.2020 dans le cadre d’une thèse de doctorat en études germaniques et traductologie
Le but de mon voyage était de contextualiser l’écriture du roman Labyrint (1955) de l’écrivaine néerlandaise d’origine allemande Elisabeth Augustin (1903-2001), singulière œuvre littéraire à forte teneur autobiographique, où l’autrice convoque notamment le souvenir de sa mère assassinée par les nazis. Comme les deux autres ouvrages retenus pour mon corpus de thèse, Labyrint présente la particularité d’aborder cette mémoire traumatique de la Shoah et d’exister en deux langues, un « original » en l’occurence néerlandais (mais dont les brouillons et manuscrits furent rédigés en allemand, langue maternelle d’Augustin) ainsi qu’une auto-traduction vers l’allemand, Auswege (1988). Si l’on compte une réédition néerlandaise modifiée en 1984, on observe pas moins de quatre occurrences de la même œuvre, et ce dans une configuration linguistique qui amène légitimement à se poser la question du statut de l’original.
Un de mes axes de travail étant précisément la fonction mémorielle voire réparatrice de l’auto-traduction en autobiographie, il me paraissait crucial d’établir une généalogie complète de cette production. Aussi ai-je décidé d’effectuer deux semaines de recherches approfondies dans les archives de l’autrice, à la Bibliothèque royale des Pays-Bas et, pour l’essentiel, au Literatuurmuseum de La Haye. Cette investigation fondée sur de très nombreuses ressources textuelles (lettres, journaux intimes, brouillons, manuscrits et coupures de journaux) m’a permis de mettre au jour plusieurs versions préliminaires du roman, mêlées à quantité de réflexions personnelles et notamment religieuses. Une grande partie des données collectées doit encore être interprétée, mais ces résultats offrent déjà une vue plus précise de l’œuvre, ce qui consitue une réussite.
L’accueil qui m’a été réservé sur place a été exemplaire et mes demandes traitées avec le plus grand professionnalisme. Étant plutôt familier des Pays-Bas et de l’aire germanique en général, peu de choses m’ont véritablement surpris, si ce n’est peut-être les règles d’accès plus restrictives aux salles d’études qui supposent de n’emporter que le strict nécessaire avec soi, mais difficile de comparer étant donné que je n’ai pas effectué de travaux en archives françaises. Je retiens de mon séjour l’intensité de la confrontation aux sources et le plaisir de découvrir la capitale néerlandaise dans toute sa diversité culturelle et architecturale.
Je tiens à remercier vivement le Réseau franco-néerlandais pour son aide précieuse, sans laquelle mes recherches n’auraient sans doute pas pu être menées avec autant de sérénité et de concentration.
*Photo : LM A00475 VW IV 1