Les Pays-Bas et la conquête spatiale

Quand les médias évoquent la conquête spatiale, il est rarement question des Pays-Bas tant ils ne semblent pas faire le poids face au gigantisme de projets mis sur pied par des nations telles que les Etats-Unis, la Russie ou la Chine. Pourtant, les Néerlandais contribuent également de belle manière à la recherche scientifique dans ce domaine et participent à de nombreux projets européens au sein de l’ESA.

Ce n’est un hasard qu’une sonde européenne partie à la découverte de Titan ait été nommée Huygens. Christiaan Huygens (1629-1695) est un mathématicien, un astronome et un physicien néerlandais qui a justement découvert Titan, la lune de Saturne. Il a également examiné les anneaux de Saturne et a observé la nébuleuse d’Orion. D’ailleurs, la partie la plus lumineuse de la nébuleuse a été appelée la « région de Huygens » en son honneur. Les navigateurs Pieter Dirkszoon Keyser (1540-1596) et Frederik de Houtman (1571-1627) ont quant à eux cartographié le ciel austral, à savoir 12 nouvelles constellations et ont catalogué une centaine d’étoiles au cours de leur périple vers les Indes orientales. Ce sont des dizaines d’astronomes néerlandais qui ont fait des découvertes scientifiques majeures à leur suite, tels Willem de Sitter (1872-1934), Jan Hendrik Oort (1900-1992), Gerard Pieter Kuiper (1905-1973). Ingrid van Houten-Groeneveld, Tom Gehrels et Cornelis Johannes van Houten ont quant à eux découvert plusieurs milliers d’astéroïdes entre 1960 et 1977. Jan Hendrik Oort a donné son nom au nuage d’Oort, une vaste concentration de comètes. Jacobus Cornelius Kapteyn (1851-1922) a étudié de manière intensive la Voie lactée et a découvert ce que l’on appelle la rotation galactique. Le Kapteyn Astronomical Institut de l’Université de Groningue porte son nom.

Il existe une bonne dizaine de formations à la pointe de la recherche en astrophysique aux Pays-Bas notamment au sein de l’Université d’Amsterdam, de l’université de Leyde, de la Radboud universiteit à Nimègue et à la Vrije Universiteit d’Amsterdam. Vous en retrouverez la liste en cliquant sur ce lien. L’université technique de Delft abrite quant à elle entre autres le Département Space Engineering qui comprend deux centres de recherche : Astrodynamics and Space Missions et Space Systems Engineering.

L’Etat néerlandais a créé en octobre 2008 la NSO (Netherlands Space Office) qui travaille en étroite collaboration avec l’ESA et EUMETSAT. Le Centre européen de technologie spatiale (ESTEC) est le centre technique de l’Agence spatiale européenne basé à Noordwijk où plus de 2500 techniciens, ingénieurs et chercheurs développent des techniques spatiales et des engins spatiaux. On y trouve notamment le grand simulateur spatial LSS.

Deux astronautes néerlandais ont effectué un vol spatial, Wubbo Ockels et André Kuipers, respectivement en 1984 et en 2004.

Les Néerlandais ont aussi contribué à quelques œuvres littéraires et artistiques dans le domaine de la science-fiction. On pense au film Starship troopers de Paul Verhoeven ou aux films de Floris Kaayk ainsi qu’aux romans Sphereland de Dionys Burger et Crusade in Jeans de Thea Beckman. Les grand-parents paternels du grand Alfred Elton van Vogt étaient frisons et dans son enfance, il parlait cette langue à la maison. Mars One, lancé par le Néerlandais Bas Lansdorp, est un projet visant à installer une colonie humaine sur la planète Mars et l’occuper dès 2032.

Signalons enfin que Jacco Vink (Sterrenkundig Instituut Anton Pannekoek) et Stefano Gabici (Paris 7) ont obtenu en 2012 un PHC Van Gogh pour leurs recherches communes en astrophysique et que François Hammer, astronome au laboratoire Galaxies, Etoiles, Physique et Instrumentation (GEPI) à l’Observatoire de Paris a obtenu en 2011 le Prix Descartes Huygens.

Les étudiants en astrophysique et dans le domaine des technologies spatiales peuvent déposer leur candidature à une bourse Eole du Réseau Franco-Néerlandais. TB.