Retour d’expérience Bourses Eole – Séjour de recherche à La Haye

Marcos Marinho-Fernandes, Nationaal Archief of the Netherlands

Lauréat Bourses Eole, session automne 2022

Doctorant en histoire moderne à l’Université d’Aix-Marseille, ma recherche porte sur
la relation des politiques matrimoniales princières avec la stabilisation diplomatique
européenne pendant la Renaissance. Les Pays-Bas constituant un des principaux lieux
d’échanges commerciaux à l’époque, son élite jouissait alors d’une position avantageuse à
la riche cour bourguignonne établie en Flandres, agissant quelques fois indépendamment de
la volonté impériale. Il était indispensable d’investiguer le rôle joué par cette élite dans les
négociations entre les dynasties qui disputaient la souveraineté sur son territoire, à savoir :
les Valois et les Habsbourg.

Grâce à mon investigation précédente, je savais que les prétentions de la Maison de
France ainsi que de la Maison d’Autriche sur les Pays-Bas avaient brisé leurs relations
jusqu’au point où cela devint un article prioritaire dans leurs tractations matrimoniales. Ayant
déjà effectué des recherches dans les dépôts d’archives français, espagnol, portugais,
autrichiens et belges, il fallait complémenter ce travail avec les registres néerlandais. Dès
que les Habsbourg obtinrent la succession bourguignonne, la présence des membres de la
famille sur les Pays-Bas était constante, faisant de cet endroit l’épicentre des décisions
dynastiques et diplomatiques. Toutefois, cela ne se fit pas sans résistance, et ce fut autour
du duc de Gueldres que ceux contraires à la domination habsbourgeoise s’organisèrent,
jusqu’au point où le duc traitera des alliances matrimoniales avec le roi de France.

Séjour de recherche

Mon séjour aux Pays-Bas n’a pas été mené tout seul. Depuis ma licence, j’échangeais des courriels avec Monsieur Raymond Fagel, professeur d’histoire moderne à l’Université de Leiden et spécialiste des relations entre les Pays-Bas et l’Espagne au XVIe siècle. Ses publications étaient incontournables pour ma recherche. Ayant eu le plaisir de le rencontrer au Lipsiusgebouw, j’ai pu profiter de ses conseils et indications pour mon séjour de recherche.

Mon séjour aux Pays-Bas n’a pas été mené tout seul. Depuis ma licence,
j’échangeais des courriels avec Monsieur Raymond Fagel, professeur d’histoire moderne à l’Université de Leiden et spécialiste des relations entre les Pays-Bas et l’Espagne au XVIe siècle. Ses publications étaient incontournables pour ma recherche. Ayant eu le plaisir de le rencontrer au Lipsiusgebouw, j’ai pu profiter de ses conseils et indications pour mon séjour de recherche. Pour les sources, j’ai dû consulter différentes typologies de documents relatifs aux relations diplomatiques et à la gestion familiale de la branche habsbourgeoise habitant aux Pays-Bas. Cette documentation comprenait, par exemple, de la correspondance épistolaire, mais aussi des accords et traités officiels. Cela a complémenté ce que j’avais déjà trouvé à ce sujet dans les fonds archivistiques à Paris et Bruxelles, la documentation relative à cette période étant très dispersée.

Au Nationaal Archief à La Haye, j’ai consulté la documentation relative au mariage du roi Christian du Danemark avec Isabelle de Habsbourg, projet de Maximilian I pour fonder une alliance maritime hanséatique. Au Palais Royal de La Haye, Monsieur Geeske Bisschop a eu la gentillesse de me présenter le fonds Oude Dillenburg linie, contenant la correspondance d’Engelbrecht et Henri de Nassau, proches conseillers des premiers Habsbourg aux Pays-Bas.

À la bibliothèque de Leiden, j’ai pu consulter certaines pièces de la correspondance de Marguerite d’Autriche et d’Adrian d’Utrecht, mais surtout des ouvrages de ma bibliographie que j’avais longtemps attendu, et qui pourront combler la lacune d’historiographie néerlandaise dans ma thèse. J’ai pu mettre à jour mes connaissances sur le développement et les défis de l’action impériale aux Pays-Bas ; le procès d’unification avec l’Espagne ; le rôle des archiduchesses comme gouvernantes des Pays-Bas, premièrement exercé par Marguerite d’Autriche, qui aura un rôle primordial dans l’éducation de ses neveux ; les conflits internes dans le territoire, où le duc de Gueldres sera toujours une épine, mais aussi la politique francophile de plusieurs conseillers flamands à la cour bourguignonne ; le rôle d’Adrian d’Utrecht, précepteur de Charles V et futur pape, dans leurs négociations matrimoniales.

La vie aux Pays-Bas

Les trajets entre Amsterdam, Leiden et La Haye sont normalement très bien desservis,
mais en raison de problèmes techniques, l’accès à La Haye était très difficile car il n’y avait
presque pas d’autres moyens de transport (comme le bus) entre les villes. Les transports
publics aux Pays-Bas sont d’une très grande qualité, ce qui se reflète dans leur prix. Ces
tarifs, si chers, ont au moins l’avantage d’être stables indépendamment du jour ou horaire.
Je recommande l’acquisition d’une OV-kaart rechargeable, avec laquelle vous pouvez
souscrire à des réductions et voyager partout dans le pays.


Les Pays-Bas possèdent une quantité impressionnante de musées et d’évènements
culturels, auxquels nous pouvons accéder dans sa quasi-totalité avec le Museumkaart, dont
je recommande à tous les intéressés par l’art ou l’histoire. Rien que le Rijksmuseum
d’Amsterdam seul coûterait déjà l’équivalent d’un tiers du prix de la carte, valable pendant
un an dans tout le pays.

Je ne pense pas avoir trouvé une seule personne qui ne parlait pas anglais aux PaysBas, donc celle-là était la langue que j’utilisais le plus pour communiquer. Cependant, j’ai échangé en espagnol avec Monsieur le Professeur Fagel, et j’ai observé que la communauté étudiante de Leiden était très ouverte à l’internationale. Cela me semblait aussi être le cas des Néerlandais en générale, n’ayant pas remarqué des problèmes ou tensions relative à la présence des étrangers résidents dans leur pays.

Les fonctionnaires des institutions que j’ai fréquentées étaient toujours trèsaccueillants et bienveillants, mais il faut prévoir payer pour avoir accès aux bibliothèques.
Par contre, toutes les informations nécessaires sont disponibles en ligne, et en cas de doute, ils n’ont jamais tardé pour répondre à mes questions via courriel, y compris pour mes échanges avec les agents de l’archive privé du Roi ! La simplicité et l’objectivité des Néerlandais ont été, pour moi, leurs qualités les plus appréciables et unanimes.


Je remercie le Réseau franco-néerlandais pour m’accorder cette bourse, me
permettant ainsi d’enrichir ma recherche avec la production scientifique et les sources
documentaires conservées aux Pays-Bas, ainsi que d’établir des nouvelles connexions
universitaires que seront certainement très utiles dans mon futur.